Pompei
Changement d'ambiance ! A même pas une demi-heure de la bien vivante Naples, nous découvrons les mondes engloutis de Pompéi.
En ces premiers jours d'hiver, le soleil balaie les ruines de ses froids rayons et révèle les contours devenus friables des blessures de la pierre autrefois ensevelie. Il règne ici une belle sérénité, il flotte même dans l'air un soupçon de poésie et nous nous surprenons à parler bas... mais ça, c'est essentiellement parce qu'on n'a pris qu'un seul audioguide pour deux et qu'on n'entend rien avec une demi-oreille !
Toute la journée, nous avons arpenté les quelque 100 hectares de la cité, visité religieusement les temples et la nécropole, pénétré dans les cours et jardins des luxueuses villas... Mais nous nous sommes aussi égarés dans les ruelles, tordus les chevilles sur leurs gros pavés, reposés sur les gradins du grand théâtre et cultivés dans le lupanar...
Ô joies de la basse saison ! Il n'y avait presque pas âme qui vive (sans mauvais jeux de mots)... Ainsi, on n'a pas eu à souffrir ni de la foule, ni de la canicule lorsque, le cerveau caramélisé, seulement éblouis par le travertin qui renvoie la lumière, on ne s'émeut même plus d'observer des mecs momifiés ou de la vaisselle d'époque (oui, j'avoue avoir été un peu traumatisée par une visite du Forum romain/Palatin un 14 août par 40 °C à l'ombre - mais y a pas d'ombres !! - à suer sur les 27 pages d'exposés plus ou moins obscurs du Guide Vert).
Voici donc en images un aperçu de ces merveilles archéologiques, à commencer par le forum et ses temples... d'Apollon, Jupiter, Vénus et toute la clique. Effet secondaire d'une overdose de vieilles pierres, je ne saurai vous dire exactement quel autel de marbre est dédié à quelle divinité, mais vous saurez me pardonner j'en suis sûre.
Suite du parcours via des chemins pas très carrossables, avec les passages piétons de l'époque, surélevés pour éviter de marcher dans les eaux usées de la ville.
Ci-dessous, le retour de la momie ! Lors des fouilles de 1860, les archéologues ont eu la brillante idée de remplir les cavités laissées par les corps décomposés - moules parfaits composés de cendres durcies et de débris de pierres mélangés - et ont ainsi pu restituer l'attitude des victimes saisies par l'éruption.
Sans transition, stop obligé au lupanar qui amusent manifestement beaucoup le groupe d'ados, soudainement tout ouïe et fascinés par les explications du guide. Ambiance cosy avec ses fenêtres absentes, ses lits taillés à même la pierre que rien ne dissocie du mur, ses latrines au fond du couloir à droite, et surtout ses peintures au-dessus des portes de chaque "chambre". En ces temps reculés où Penthouse et Entrevue n'existaient pas - et au-delà le papier glacé et la sériegraphie couleur - les hommes trouvaient ici l'inspiration sur les murs où les scènes décrites préfigurent déjà le Kâmasûtra.
Et ce jeune homme particulièrement gâté par la nature s'appelle Priape, dieu de la fertilité. Ceci expliquant cela.
Autre haut lieu de vie, la boulangerie avec le four à pain et les meules en pierre pour moudre le grain. Rendez-vous compte qu'on y a bien passé 20 min vu que Il Signore était tout occupé à s'imaginer combien de pizza on pouvait mettre là-dedans...
Coucher de soleil sur la nécropole. Les défunts de la haute avait droit à leur statue de pied en cape, tandis que les gens normaux devaient se contenter d'un simple portrait aux traits anonymes.
Le grand théâtre, enfin, pour se reposer un instant tandis que certains méditent sur l'insoutenable légèreté de l'être face au poids du temps qui passe...
... ou que d'autres improvisent un spectacle sur une chorégraphie originale de Riverdance !